Cette semaine, Boris Johnson a perdu la majorité, le soutien de son propre frère et celui de sa ministre du travail et des retraites.
Entre-temps, les députés d’opposition (et certains « Tory rebels ») sont parvenus à faire passer une loi contraignant le Premier Ministre à demander à l’Union Européenne un nouveau report du Brexit, pour éviter une dramatique sortie no-deal le 31 Octobre prochain.
Mais Boris Johnson a déclaré jeudi qu’il préfèrerait être « mort au fond d’un fossé » plutôt que de retourner à Bruxelles pour négocier un délai supplémentaire de trois mois. Les journaux britanniques rapportent qu’il comploterait plutôt de paralyser le processus de décision de l’UE, de façon à forcer les états membres à expulser le Royaume-Uni.
La proposition de loi des députés, qui a donc été adoptée par les deux chambres du Parlement, entrera en vigueur après avoir été approuvée par la Queen. Pour autant, le Premier Ministre a fait savoir qu’il serait prêt à enfreindre la loi si nécessaire. C’est-a-dire, s’il ne parvient pas à déclencher une nouvelle élection générale ou à imposer une motion de censure envers son propre gouvernement – coup de force constitutionnel.
On marche sur la tête. Et pendant ce temps, au Pays de Galles, on marche pour l’indépendance.
Le chaos du Brexit semble avoir relancé le sentiment nationaliste gallois. Samedi, plus de 5000 personnes ont défilé dans les rues de Merthyr Tydfil, la plus grande ville des Vallées, en soutien à la campagne pour l’indépendance du Pays de galles, Yes Cymru. C’est la troisième manifestation organisée cette année, après celles de Cardiff et de Caernarfon.
Le mouvement gagne de l’ampleur parce qu’il est motivé par un nationalisme réactif, et non réactionnaire. Bien que le Pays de Galles ait voté « Leave » en juin 2016, Yes Cymru ne repose pas sur des valeurs traditionalistes. Au contraire, la campagne se renforce en réaction à la violence croissante du Brexit.
Yes Cymru se veut inclusive. Ce week-end à Merthyr, le poète Patrick Jones s’est fait applaudir par la foule pour avoir récité « Soul Transplant », un manifeste poétique prônant l’accueil des migrants syriens au sein du Pays de Galles.
Plus qu’une vision politique, c’est donc une vision morale et idéaliste qui caractérise ce nouveau nationalisme gallois. Même si l’indépendance galloise reste irréaliste sur le plan pratique, la campagne Yes Cymru rassemble parce qu’elle offre un nouveau cadre de valeurs.
Si no-deal il y a, on imagine l’Ecosse prendre son indépendance et l’Irlande se réunifier en un pays fédéral, mais qu'adviendrait-il du Pays de Galles ? Les Gallois sont conscients qu’ils ne peuvent pas survivre une indépendance financière, mais ils sont de plus en plus nombreux à vouloir repenser le cadre constitutionnel et la vie démocratique de leur pays.
Le débat est ouvert.